Succès et limites du système Bertillon

Au service anthropométrique, dessin caricaturiste de A. Hellé, s.d.

Paris, archives de la préfecture de police, presse Bertillon

L’anthropométrie, qui a connu un fulgurant succès international à l’issue du congrès d’anthropologie criminelle de 1889, est peu à peu critiquée : on dénonce ses limites, les « attouchements vexatoires », surtout vis-à-vis des femmes, qu’impliquent les mensurations du corps ; on conteste son efficacité ; on craint les abus de la police et l’application de ce dispositif humiliant aux honnêtes citoyens ...

La fiche signalétique dite parisienne, combinant photographie de face-profil, marques particulières (cicatrices, tatouages, etc.), mesures anthropométriques, « portrait signalétique » et, progressivement, empreintes digitales, sert désormais de modèle avec, toutefois, de nombreuses variantes locales.

Dans la police spéciale des chemins de fer (ancêtre des Renseignements généraux), le contrôle des étrangers ou le contre-espionnage, les photographies font leur apparition dans les dossiers nominatifs, les registres et les listes de suspects. Les anarchistes sont alors les cibles privilégiées des petits appareils portatifs mis sur le marché qui permettent à des opérateurs de prendre des photographies sur le vif, en pleine rue, sans que le « client » en sache rien. Dans bien des cas, il ne s’agit pas de photographies aux normes définies par Bertillon, mais de simples portraits détournés de leur usage premier. Dans le domaine des sciences en revanche, le face-profil et la photographie métrique préconisés par Bertillon continuent d’être appliquée jusqu’au XXe siècle.